Réflexions pour une nouvelle culture philanthropique au Québec
Jean-Claude Robert
12 novembre 2013, 17h34
Jean-Claude Robert, professeur émérite à l’Université du Québec à Montréal et membre de la Société du patrimoine de l’Université de Montréal, a prononcé une allocution le 19 septembre 2013, dans le cadre de la cérémonie du 10e anniversaire de la Société du patrimoine de l’UdeM. Il a accepté que Campus Montréal adapte son discours sur la culture philanthropique sur son blogue.
Au cours des cinquante dernières années, la société québécoise s’est enrichie, s’est sécularisée et le moment me semble venu d’ajuster les pratiques de philanthropie. Mais pour y arriver, il faut développer de nouvelles attitudes, en tablant sur les acquis des mécanismes développés par la population québécoise concernant les dons, le bénévolat et l’entraide.
Exploiter les mécanismes philanthropiques d’origine
L’enrichissement relatif de la collectivité est un premier acquis, tout comme la démocratisation de l’enseignement et l’essor des études universitaires.
La crise de confiance actuelle de la population dans les capacités de l’État pourrait également avoir des retombées positives sur la philanthropie, puisqu’elle suscite des perspectives et des prises de conscience nouvelles. L’importance de la responsabilité des individus dans le bon fonctionnement des organismes de gouvernance a été mise en évidence, particulièrement dans le cadre des révélations de la Commission Charbonneau. Nous pourrions tabler sur le renouveau apporté par cette prise de conscience, pour mettre l’accent sur la responsabilité individuelle qui, nous le savons, fait toute la différence.
Au nombre des acquis, n’oublions pas l’importance de la tradition d’entraide, bien enracinée chez nous, qui peut encore être sollicitée à bon escient.
Développer de nouvelles attitudes
À mon avis, le processus de changement dans les attitudes en matière de philanthropie est déjà enclenché. Par exemple, je me réjouis de voir, dans les universités québécoises, l’intérêt des jeunes diplômés pour s’impliquer dans les campagnes de financement des fondations universitaires. L’action gouvernementale peut également aider en suggérant des nouveaux secteurs. En ce sens, le récent rapport du Groupe de travail sur la philanthropie culturelle me semble très intéressant.
La tradition philanthropique peut élargir ses racines dans notre société, mais il faudra y mettre du temps et de la constance dans les efforts. Il faudra aussi innover à partir des exemples que nous connaissons, comme les modèles qui ont fonctionné pour la communauté anglophone et la communauté juive, bien qu’ils ne soient pas les seuls.
Cependant, une grande question demeure : combien de temps faut-il nous donner pour ajuster nos comportements et nos attitudes vis-à-vis la philanthropie?
Jean-Claude Robert
Professeur émérite
À lire, le premier billet du professeur Robert, Constats historiques sur la philanthropie au Québec.
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